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Sixième jour du confinement lié à l’épidémie du Coronavirus et l’étrange sensation de vivre un moment irréel. L’intime conviction aussi qu’il va falloir changer de façon radicale nos modes de vie et de consommation.
Après le moment de solitude lié à l’annonce du président Macron, notre famille s’est décidée à tenir un confinement strict dès le Lundi 16 mars. Notre seule sortie de la semaine a été pour une consultation médicale concernant une fâcheuse otite de notre cadette, et pour récupérer le drive de la semaine. Restez chez soi est une bien moindre contrainte quand on prend conscience qu’il s’agit de protéger sa famille et celle des autres.
Cette semaine malheureusement, nous sommes très nombreux à avoir constater que tous les français n’avaient pas compris les enjeux de cette guerre sanitaire. Plus nombreux nous respectons ces règles de confinement, plus vite nous retrouverons la vie belle et légère d’avant.
En attendant la vie d’après, j’ai une pensée émue pour tous les soignants, policiers et gendarmes, qui oeuvrent au quotidien pour assurer notre santé et notre sécurité. La meilleure façon de les aider est de rester chez nous et de manifester notre soutien à nos balcons, tous les soirs à 20h.
Comment s’articule aujourd’hui tes journées en tant que médecin ?
« La présence est la même que d’habitude, mais la pratique est complètement chamboulée.
D’abord, nous ne gardons pas nos habits de « ville », il nous a été conseillé de nous déshabiller avant de rentrer chez nous et toucher nos enfants, pour des questions pratiques et pour limiter au maximum de ramener le virus chez nous, nous nous changeons au cabinet: tenue de bloc, blouse et chaussures qui restent ici, lavées régulièrement (chez nous) à 60° et bien sûr un masque.
Nous n’avons pas assez de masques, nous avions anticipé un peu en commandant une trentaine de FFP2 qui sont vite devenues de plus en plus chers, et nous avons les dotations de l’ARS et de la ville. Nous devons recevoir sous peu des dotations pour nous protéger afin d’en avoir assez pour consulter (un certain nombre de masques délivrés par médecin par semaine) mais ce sont des masques chirurgicaux.
Et puis on consulte, nous avons organisé un « tri » par zone afin de limiter la contagion en salle d’attente : zone 1 pas de symptômes, zone 2 symptomatique, zone 3 personnes fragiles à isoler qui sont dans une salle d’attente à part, c’est la meilleure solution que l’on a pour l’instant et cela fonctionne assez bien.
Nous avons des cas tous les jours, on ne teste plus, cela fait déjà un moment d’ailleurs, et en fonction des symptômes, on renforce les mesures de confinement à domicile avec surveillance et réévaluation des symptômes , soit s’il y a des signes de détresse respiratoire on oriente au SAMU. »
Qu’est-ce que le coronavirus ?
« D’abord on dit « le » coronavirus, mais il n’y en a pas qu’un. Ce virus appartient à la famille DES coronavirus, il y a en plusieurs, vous en avez déjà peut-être eu un dans le cadre d’un rhume ou d’un petit syndrome grippal, vous connaissez aussi celui responsable du SRAS au début des années 2000.
Le Co-Vid19 fait partie de cette famille, apparu en Chine fin 2019 , il s’agit d’un virus d’origine animale (pangolin ou non, on s’en fiche quelque part… le mal est fait) transmis probablement via ses sécrétions mais dans un contexte encore bien flou. »
Où en est l’épidémie du Coronavirus ?
« A l’heure où j’écris, et d’ici que je sois lue ça aura déjà bien changé, on parle de plus de 200 000 cas, 155 pays touchés et plus de 7500 morts dans le Monde, et on parle de ce qui est déclaré…
En France, dans l’Oise nous avons été les premiers touchés, le Grand-Est est actuellement en grande difficulté, et toute la France est maintenant concernée. »
Comment se transmet le Coronavirus ?
« Le virus se transmet par micro-gouttelettes, par contact étroit avec quelqu’un sans protection, par postillons en toussant ou en éternuant et ce qui est bien mal expliquée c’est le contact par les mains, c’est-à-dire que vous touchez une personne ou une zone infectée (nous désinfectons notre bureau et notre table d’examen entre chaque patient) et ensuite vous mettez votre main à votre nez ou votre bouche, et vous risquez d’être contaminé. »
Quelles règles d’hygiène à appliquer au quotidien ?
- Se laver les mains,
- aérer votre maison pendant le confinement,
- nettoyer régulièrement votre table/plan de travail
- bien sûr ne pas tousser dans la figure de son conjoint ou de sa famille et éternuer dans son coude,
- mais surtout finalement bien se laver les mains.
Y’a t-il des habitudes ou gestes à proscrire ?
Evitez de trop se toucher le visage, c’est inconscient, mais si vous réfléchissez bien (même nous, nous devons penser nos gestes pour ne pas tout recontaminer à chaque fois et changer de masque ou redésinfecter tout), potentiellement vous touchez à quelque chose et après vous touchez votre visage.
En quoi le confinement est-il aujourd’hui essentiel ?
« Il n’est pas essentiel, il est VITAL, pour des centaines de personnes. Le virus est là, c’est trop tard il est là. Vous ne sauverez pas des vies parce que vous ne leur transmettrai pas le virus, non, un grand nombre de personnes sont déjà atteintes, mais vous éviterez en vous confinant que la courbe exponentielle de l’épidémie ne flambe et nous amène toutes les détresses respiratoires en même temps.
Des malades, nous en aurons, mais nous avons besoin qu’ils soient étalés dans le temps. Parce que les moyens matériels, les respirateurs, les lits et le matériel de Réa manqueront, et c’est ce qui malheureusement a coûté des vies aux patients italiens. »
Penses-tu qu’un confinement de 15 jours sera suffisant pour ralentir l’épidémie ?
« Bien sûr que non, nous le savons tous. »
Crois-tu que le confinement actuel soit assez strict ?
« Même réponse. Je suis outrée de voir encore autant de gens dans les rues, sous réserve d’une activité physique ou de courses qui pourraient être regroupées. Les gens ont du mal à respecter la distanciation sociale, qui rappelons le, est le seul moyen d’endiguer l’épidémie. Quand je vois un jeune tousser à la figure d’un policier aux informations, je ne comprends pas.
Comment doit-on leur expliquer? Tout le personnel soignant se met en danger actuellement, des médecins sont atteints, parfois même gravement selon leurs comorbidités, tout le service médical est chamboulé. Parce que ce que l’on raconte moins, ce sont nos patients « normaux », qui certes n’ont pas le Coronavirus, mais qui ont des urgences cardiovasculaires, neurologiques ou autres, nos patients qui ont besoin d’un avis spécialiste pour des suspicions de cancer ou de maladie grave et qui passent « après », qui ont un délai de prise en charge rallongée, à cause de ce virus !
Donc vous mettez les gens en danger par rapport à la propagation du virus, mais indirectement en augmentant la prise en charge médicale/hospitalière/
Que conseilles-tu aux familles confinées chez elles ?
« Rester un maximum chez eux, bien se laver les mains, pour ceux qui peuvent bien sûr prendre l’air dans leur jardin et pour ceux qui sont en appartement, malheureusement c’est plus compliqué mais de limiter un maximum les sorties… »
Il se murmure que la chloroquine serait un remède contre le Coronavirus. Qu’en est-il réellement ?
Peut-on contracter le coronavirus deux fois ?
Oui.
On parle beaucoup du nombre de cas avérés et des décès mais qu’en est-il des guérisons ?
Mais évidemment que le taux de guérison est élevé, et heureusement. Mais on minimise les cas graves en pensant qu’il ne s’agit que des personnes très âgées avec de grosses comorbidités alors que ce n’est pas le cas.
Garde t-on des séquelles du Coronavirus ?
« C’est bien trop tôt pour le dire, potentiellement chez une personne en bonne santé qui fait une forme légère non, mais pour les autres, nous n’avons pas de recul. »
En bref…
« Mais vraiment, vraiment, prenez ça au sérieux, on a compris les enjeux économiques, on sait que c’est dur de rester enfermés chez soi, on sait que les mesures n’ont pas été assez claires, on sait que c’est dur de se couper des siens. On fait tout ce que l’on peut faire, nous soignants, mais si vous ne comprenez pas que vous êtes acteurs de tout cela et qu’il ne s’agit pas d’un effet d’annonce politique, nous allons perdre encore plus de gens, on en perd tous les jours, on a besoin que les Français soient obéissants et pas égoïstes pendant quelques semaines, c’est une urgence vitale, donnez nous la possibilité de pouvoir soigner correctement, un maximum de personnes. »
« C’était en mars 2020 …
Les rues étaient vides, les magasins fermés, les gens ne pouvaient plus sortir.
Mais le printemps ne savait pas, et les fleurs ont commencé à fleurir, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les hirondelles allaient bientôt arriver, le ciel était bleu, le matin arrivait pus tôt.
C’était en mars 2020 …
Les jeunes devaient étudier en ligne, et trouver des occupations à la maison, les gens ne pouvaient plus faire de shopping, ni aller chez le coiffeur. Bientôt il n’y aurait plus de place dans les hôpitaux, et les gens continuaient de tomber malades.
Mais le printemps ne savait pas, le temps d’aller au jardin arrivait, l’herbe verdissait.
C’était en mars 2020 …
Les gens ont été mis en confinement. pour protéger les grands-parents, familles et enfants. Plus de réunion ni repas, de fête en famille. La peur est devenue réelle et les jours se ressemblaient.
Mais le printemps ne savait pas, les pommiers, cerisiers et autres ont fleuri, les feuilles ont poussé.
Les gens ont commencé à lire, jouer en famille, apprendre une langue, chantaient sur le balcon en invitant les voisins à faire de même, ils ont appris une nouvelle langue, être solidaires et se sont concentrés sur d’autres valeurs.
Les gens ont réalisé l’importance de la santé, la souffrance, de ce monde qui s’était arrêté, de l’économie qui a dégringolé.
Mais le printemps ne savait pas. les fleurs ont laissé leur place aux fruits, les oiseaux ont fait leur nid, les hirondelles étaient arrivées.
Puis le jour de la libération est arrivé, les gens l’ont appris à la télé, le virus avait perdu, les gens sont descendus dans la rue, chantaient, pleuraient, embrassaient leurs voisins, sans masques ni gants.
Et c’est là que l’été est arrivé, parce que le printemps ne savait pas. Il a continué à être là malgré tout, malgré le virus, la peur et la mort. Parce que le printemps ne savait pas, il a appris aux gens le pouvoir de la vie. »
Source anonyme
LE MOT DE LA REDACTION
Un immense merci à Sarah pour avoir pris le temps de répondre à notre interview. Toute la rédaction se mobilise dès aujourd’hui pour publier ici une série d’articles récréatifs, afin de vous divertir durant ces prochaines semaines de confinement.
N’hésitez pas à vous manifester si vous souhaiter y prendre part :
DiY // Recettes de cuisine // Jeux // Récits de voyage // Home Tour ou Kids Tour…
Et un seul mot d’ordre :
Restons chez nous
Illustrations – Yumicha Illustrations
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